Arles 2025

Premiers coups de cœur...

Retratistas do Morro

João Mendes et Afonso Pimenta photographient depuis six décennies la vie, les événements et les traditions de leur communauté, Aglomerado da Serra, grande favela de Belo Horizonte, au Brésil. Cet héritage culturel de 250 000 photographies, restauré peu à peu par l'artiste Guilherme Cunha, commissaire de l'exposition, est une narration visuelle d'un pan d'histoire contemporaine du Brésil, trop longtemps et systématiquement gommé et ignoré. Une mémoire retrouvée grâce à ces archives photographiques magnifiques qui donnent corps et dignité à ce "territoire d'existence".

(Jean-Benoît Zimmermann)

A Croisières jusqu'au 5 octobre


On country : photographie d'Australie

Ils sont vingt artistes dont de nombreux autochtones, les travaux les plus anciens datant des années 1950 , et c'est un véritable voyage qui nous parle d'histoire, de culture, de mémoire, de transformations... dans une nation qui était riche de 250 groupes linguistiques avant les ravages et bouleversements dus à la colonisation. Chaque série et chaque artiste est également mis en valeur, les cartels sont instructifs. On en ressort ébloui et touché.

(Aline Memmi)

Tony Albert (Kuku Yalanji), David Charles Collins et Kieran Lawson.
Super-héros de Warakurna #1, série Super-héros de Warakurna, 2017.

Eglise Sainte Anne, jusqu'au 5 octobre


Alma, de Keisha Scarville

Si la lecture du thème choisi (l'évocation de sa mère disparue par les vêtements qu'elle portait) nous a laissé indifférents au premier abord, ce qu'en a fait l'artiste nous a totalement séduits. Utilisant son propre corps, jouant des formes et des motifs, du minéral et du végétal, elle créé des images qui sont à la fois émouvantes et très belles.

(Aline Memmi)

Salle Henri Comte, jusqu'au 5 octobre


U.S. Route 1

Berenice Abbott a parcouru en 1954 la Route N°1 qui traverse du nord au sud l'est des Etats-Unis. Elle en avait rapporté un important corpus de photographies en noir et blanc, photographies documentaires mais aussi images de belle facture, racontant l'Amérique des années 1950, ses paysages, ses architectures, ses industries, ses habitants. Les photographes Anna Fox et Karen Knorr sont reparties entre 2016 et 2019 sur les traces de Berenice Abbott et ont à leur tour rassemblé des images en couleur qui disent l'Amérique d'aujourd'hui qui est aussi celle des reculs sur les droits des femmes et des minorités, celle du chômage et de la pauvreté, celle de la violence et des armes à feu. La mise en dialogue de ces deux séries à plus de 60 ans d'écart en dit long sur l'évolution d'un pays et sur ce qu'il en est advenu du "rêve américain"...

(Jean-Benoît Zimmermann)

Palais de l’Archevêché, jusqu'au 5 octobre


Eloge de la photographie anonyme, collection Marion et Philippe Jacquier

Dans leur galerie Lumière des roses à Montreuil, Marion et Philippe Jacquier récoltaient et exposaient régulièrement des photos anonymes. Parmi les séries exposées, certaines sont drôles, impudiques, inattendues (comme ce pharmacien qui photographiait à leur insu chacun de ses clients), touchantes... Une mention spéciale côté émotion à l'album de Jean ! Après le départ de son amoureuse venue trois mois à Paris pour un stage de coiffure (c'était en 1929, il avait dix-huit ans), il retrouve tous les lieux partagés, les photographie, les marque d'une croix rouge, les légende et fait de ce cheminement amoureux, un album photographique unique.

(Aline Memmi)

Album de Jean

Cloitre Saint-Trophime, jusqu'au 5 octobre


Traversée du fragment manquant, Raphaëlle Peria

Moments suspendus d'un voyage toute petite sur le canal du midi, retrouvés en images dans les archives familiales. Mais voilà que les arbres qui bordent le canal risquent aujourd'hui de disparaître, rongés par un champignon minuscule. Raphaëlle Peria s'empare alors de ces photos anciennes qu'elle incise et gratte pour mettre en valeur chaque feuille et chaque branche. Les souvenirs de famille deviennent peintures et la réalité se mêle au rêve.

L'artiste Raphaëlle Peria et sa curatrice Fanny Robin ont reçu le prix BMW Art Markers 2025.

(Aline Memmi)

Cloitre Saint-Trophime jusqu'au 5 octobre


Manifeste primitif, Augustin Rebetez

Entre révolte et poésie, humour et désespérance, des mots, des vidéos, des photographies qui percutent. Sous des airs foutraques, un geste artistique sacrément réussi.

(Aline Memmi)

Espace Croisière, jusqu'au 5 octobre

...et aussi dans le Off

 


Little Big Galerie - Summer Show

Depuis maintenant plus de 10 ans, la galerie parisienne prend ses quartiers d'été en Arles, en phase avec les Rencontres. Son "Summer Show" rassemble cette année une dizaine d'artistes "aux écritures visuelles singulières, entre paysages sensibles, lumière d'été et poésie du réel"

Si chacun.e présente des séries de très belle qualité, nous avons été particulièrement séduits par les paysages entraperçus de Jean-François Mollière,  les petits formats à l'ambiance brésilienne de Michaël Serfaty et les panoramas aux couleurs chaudes, graphiques et magnifiquement composés de Laurence Biaggi.

Un beau parcours estival

(Jean-Benoît Zimmermann)

Photographie Laurence Biaggi

6 rue de l'Hôtel de Ville - du 7 Juillet au 5 octobre 2025

 


Perpetual Child, exposition collective par IN The Kitchen Photography (William Guidarini, Edith Laplane, Johanna Leijns, Brigitte Manoukian, Cécile Menendez, Louise Narbo, Mathilde Hélène Pettersen et Michaël Serfaty)

Ils sont huit artistes à se pencher sur cette enfance qui nous a construit, qui nous habite, avec ses failles, ses fêlures, ses trous d'air. Dans quels tiroirs ranger nos disparu(e)s, quelle place accorder à leur(s) histoire(s) et... à nos souvenirs ? Il suffit d'apercevoir cette petite figurine portant un bonnet tricoté par Brigitte Manoukian pour se replonger avec elle dans notre passé.  "Un voyage imparfait, nous dit Michaël Serfaty, entre passé simple et passé recomposé." Reconstruction, transformation... ou mise à nu entre hier et aujourd'hui, matière sensible, ébloui comme William Guidarini devant l'enfant qu'on accompagne ou bouleversé avec Edith Laplane devant ceux qu'on musèle. Car "les chagrins des petits ne sont pas des petits chagrins" et bienheureux celui qui n'en trimballe  pas quelques uns.

(Aline Memmi)

Edith Laplane

59 rue du 4 sept
Du 7 au 13 juill 2025

 


Home cooked nudes - Jérémie Nassif (photographies)

invités : Sylvie Aflalo, Soazic De,  Rachel Hardouin, Sophie Lormeau, Charly M, Emmanuelle Messika, Antoine Poupel, Julia Rolland, Yoichiro Sato, Gordon Spooner, Anne Van der Linden et Hormoz Works.

Parce que Jérémie Nassif ne souhaitait pas occuper l'espace de la galerie tout seul avec sa série Home cooked nudes, Rachel Hardouin a associé douze autres artistes (photographes, peintres, graveurs, céramistes..). Trois d'entre eux nous ont particulièrement séduits. 

Dès l'entrée, on est happé par une jeune femme en caleçon, corps androgyne comme en apesanteur, bouille hirsute, qui nous regarde effrontément. Mais est-ce une bonne idée de décrire une telle image ? Alors que le choc produit est physique, émotif, sensuel, entre ombre et lumière, légèreté et affrontement... Cette photographie à elle seule est une expérience. De ses nombreuses vies, au Royaume Uni puis à Paris, comme éclairagiste, photographe, vidéaste, notamment dans le milieu de la danse, Gordon Spooner propose plusieurs instantanés d'une grande subtilité.

Julia Rolland peint et dessine mais en travaillant d'après photo. Ici des carrelages miniatures peints à l'huile : trois allumettes au bout rouge et une quatrième brûlée, un clou tordu, un photomaton de jeunesse. Plus loin, sur une toile en noir et blanc, deux femmes... en gants de boxe. Il suffit parfois de quelques touches bien senties et nous voilà embarqués.

Et puis il y a ces fragments délicats de Rachel Hardouin elle-même, sous le titre magnifique Regarde qui je suis ! Dans cette galerie de l'intime où le corps s'expose en toute liberté, ces dévoilements inattendus de la galeriste-artiste photographe sont peut-être le début d'une histoire...

(Aline Memmi)

 

 


Marie-Laure de Decker - L'image comme engagement

Comme Lee Miller, mais aussi comme Suzanne Valadon, Marie-Laure de Decker a gagné son autonomie comme modèle, avant de devenir, comme cette première, reporter de guerre.

Bien qu'animée d'une audace incroyable et d'un courage remarquable, elle choisit de ne pas photographier de scènes sanglantes car elle sait que ce sont irrémédiablement ces photos là, au milieu de centaines d'autres, qui seraient publiées. Elle privilégie au contraire la dimension humaine des protagonistes des conflits ou la vie quotidienne en marge des contextes de guerre et, de cette manière, nous rappelle à juste propos que ce sont des hommes, des femmes, des enfants qui sont là, sur le théâtre des affrontements ou juste derrière.

Fidèle à ses valeurs, elle a aussi documenté nombre de luttes politiques et sociales en Europe, au Chili, en Afrique du Sud... et, là encore, donné une place particulière aux portraits de tous ces humains croisés à travers le monde.

(Jean-Benoît Zimmermann)

 

Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Du 4 juin au 28 septembre 2025

 


Festival photo de L'Île d'Olonne

A quelques kilomètres des Sables d’Olonne - et loin de son agitation estivale - entre mer, forêt et marais, le village de L’île d’Olonne propose son festival de photographies. Toutes exposées en plein air, aux murs du village, dans les recoins ombreux ou le long des chemins de marais. Dans la très belle salorge du village, les rencontres avec les exposants ouvrent un peu plus encore les horizons.

Ils sont une trentaine à exposer leurs clichés pour cette dixième édition, rapportés des quatre coins du monde - ou bien de la garenne locale : il suffit d’ouvrir l'œil, non ? Aurores boréales, splendeur des ciels étoilés, regard énigmatique de l’animal sauvage, albatros à sourcils noirs, la surprise est à chaque méandre des canaux et des ruelles, dans des formats larges aux tirages éblouissants.

Invitée remarquable, Mélusine Farille expose (Des)illusions, une série aux assemblages détonants, née des longues journées vides de confinement. Avec son compagnon de route, musicien, Ludovic Chauvin, elle parcourt les territoires à vélo, enregistrant et photographiant au (long) cours de son NoMad ParisKop, munie de son étrange chambre afghane.

(Jean-Marie Chauvière)

Balade photographique dans les rues du village et dans les marais
Du 1er juin au 2 novembre 2025

 


Marc Riboud - L'oeil du voyageur

La Villa Tamaris à La Seyne-sur-Mer nous propose de mettre nos pas dans ceux de Marc Riboud, photographe légendaire, entré chez Magnum sur l'invitation de Robert Capa et Henri Cartier-Bresson, excusez du peu. Comme il y a des écrivains voyageurs, Riboud fut un photographe voyageur. L'expo grandiose, prêtée par le Musée Guimet, nous emmène, des années 50 aux années 2000, à Paris, en Angleterre, en Asie, Chine, Japon, Vietnam, Inde, Pakistan, Ghana, bref partout où Riboud a pris le temps de nous apprendre "à regarder les autres sans trop s'approcher, pour mieux les voir... à préférer le faible au fort, la justice à la contrainte".

(Guy Robert)

 


Sadie Von Paris - ANTHRACITE

Anthracite, c’est noir, ou plutôt gris foncé, sombre comme les vagues et les rochers quand l’ombre gagne ou que la mer est souillée de pollutions. Anthracite ça vient des profondeurs de l’âme, du corps, parce que l’amour n’est plus, fait place au vide et que remontent le rejet, les glaires, les pleurs, acides, mais pourtant salutaires d’être, à nouveau, vivant.e…

Des mots, des images, une narration puissante qui embarque dans un monde de sensations, d’attraction et de répulsion, de corps et de roches, de gris et de couleurs, de lumière et d’ombres.

Une manière forte de conclure une saison d’expos chez Rétine. Et puisque c’est la dernière de la saison, heureusement visible, en prolongations, jusqu’à la fin juin.

(Jean-Benoît Zimmermann)

Rétine Argentique - 85 rue d'Italie 13006 Marseille, jusquà fin juin

 


Brigitte Manoukian - Le lexique de la couturière

Rappelez-vous la travailleuse de votre grand-mère et tout ce qu'elle contenait de fils, d'aiguilles, de boutons, de souvenirs... Près de ces objets, pris en gros plan et ainsi magnifiés par la photographe, on découvre une dentelle, une broderie, une reprise et c'est nos souvenirs qu'elle réveille. Pas de légendes mais un lexique au vocabulaire chargé de double et triple sens.
Pour l'artiste, c'est dans une malle que s'est faite la transmission sur plusieurs territoires et sur quatre générations. Une malle que "j'ai vidé de tout ce qu'elle contenait, nous dit-elle, (...) douleurs, labeurs, peines, sortilèges, exils, pleurs... pour être remplie de ce que je décide. Voilà qui est fait".
L'art comme transformation, ou comment alléger la passation sans trahir la mémoire.
 
(Aline Memmi)
 
 
Jusqu'au 7 juin 2025

 


Jean-Pierre Sudre et Cesare Di Liborio

Chambre noire pour rêve clair

 

Deux photographes de styles et de générations différentes, l’un étant né à Paris en 1921, l’autre à Reggio Emilia en 1960. Pourtant même s’ils ne se sont probablement jamais rencontrés, Cesare Di Liborio, grand admirateur de Jean-Pierre Sudre, s’est lancé sur les traces de son aîné dans l’utilisation en photographie des techniques du mordançage*. Mais tandis que l’un crée des paysages fantasmagoriques, l’autre transforme et étire des portraits d’une grande douceur. En assemblant et accrochant en alternance une série d’oeuvres de chacun, Florence Verrier, directrice de la galerie Parallax a su provoquer ainsi un dialogue esthétiquement étonnant entre les deux corpus d’images. Et ça fonctionne incroyablement bien !

(JBZ)

 

Jean-Pierre Sudre - Paysage matériaugraphique

Cesare Di Liborio 

Galerie Parallax – 3 rue des Epinaux, Aix-en-Provence
Du 9 Mai au 21 Juin 202

* http://www.stage-photo-artisanale.com/page-d-exemple/le-mordancage/

 


Dans le flou - Une autre vision de l'art, de 1945 à nos jours

Le flou, comme mode d’expression artistique, est ancré de longue date dans l’histoire de la peinture, que ce soit dans l’oeuvre de Turner, dans celles des Impressionnistes ou dans la photographie naissante. Mais c’est surtout dans l’après deuxième guerre mondiale qu’elle devient une esthétique particulière de la peinture et surtout de la photographie, qui brouille la réalité pour mettre en avant l’incertain, l’indistinct ou l’imprévisible, ou encore quand il s’agit de parler de l’indicible (camps d’extermination, génocide des Tutsis…). Une exposition riche et passionnante sur une thématique jamais traitée aussi pleinement.

(JBZ)

 

Alfredo Jaar, "Six Seconds", 2001
Cette jeune fille en bleu a été témoin du massacre de son père et de sa mère à coups de machette. Alfredo Jaar avait pris rendez-vous avec elle, mais au moment de répondre à ses questions, l'adolescente, incapable de prononcer un mot, est repartie en lui tournant le dos. Dans un mouvement réflexe, il a alors saisi son appareil et pris ce cliché sans le cadrer, sans faire le point.

Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris
Du 30 Avril au 18 Août 2025

 

Pavel Jasansky

Superbe découverte du travail de l'artiste Pavel Jasansky. Designer, plasticien, sculpteur, vidéaste et photographe, Jasansky utilise tous les supports. Ses photographies noir et blanc, prises à Paris dans les années soixante et soixante-dix, sont joyeuses et décalées. Ses portraits, amis et célébrités, qui défilent dans une vidéo, très proches, souvent en contre-plongée, sont tous intéressants.  J'ai particulièrement aimé ces groupes de femmes et d'hommes filmés nus en mouvement, puis photographiés ; avant que la photographie en très gros format ne soit lacérée de peinture noire. Le résultat est à la fois saisissant et très beau.

(AM)

Maison de la photographie, Prague, République Tchèque
Jusqu'au 31 Août 2025


Jan Saudek

Magnifique exposition rétrospective de cet immense photographe tchèque qui, souvent du fin fond de sa cave, a créé et colorisé des images à nulle autre pareilles. Des corps amis, amants, enfants, nus ou parés, crudité et poésie, mort et tendresse. Un artiste controversé, à l’œuvre torturée mais tellement fascinante.

Dans la même galerie, à d'autres étages, des œuvres d'autres icônes artistiques du XXème siècle, Andy Wharol et Salvador Dali, envers lesquels l’enfant terrible de la photographie tchèque se situe sans aucun doute sur un pied d'égalité.

(Aline Memmi et Jean-Benoît Zimmermann)

Central Gallery, Prague, République Tchèque, jusqu'au 12 février 2026


Fünf Freunde (cinq amis)

Ce clin d’œil au "Club des cinq", c'est l'histoire de cinq grands artistes (John Cage, Merce Cunningham, Jasper Johns, Raul Rauschenberg et Cy Twombly), amis dans la vie et dont les créations se sont influencées, répondues, croisées. Une découverte passionnante qui révèle la puissance d'interaction entre photographie (Rauschenberg), peinture, musique, danse... et de relire et relier ainsi leurs œuvres.

(JBZ)

Museum Brandhorst, Münich, Allemagne, jusqu'au 17 Août 2025

 


Cyril Becquart - La vallée

Des photos d'arbres, de végétation, sombres, contrastées, vivantes. Des grandes photos dans des cadres en bois clair, sans marge blanche, d'une modernité incroyable, et qui contrastent avec des photos plus petites, bleutées ou sépia, qui nous évoquent un passé lointain. Quelle surprise de découvrir en interrogeant le photographe (ce n'est pas écrit dans les textes de présentation de l'expo) que toutes les photos, les grandes comme les petites, ont été prises à la chambre noire, l'antique appareil de la fin du 19ème siècle !

(Théo Zimmermann)

Rétine Argentique - 85 rue d'Italie 13006 Marseille

 


Gaël Turine, Les ravages de la tranq

Depuis la crise des opioïdes initiée fin des années 1990 par un labo américain qui sous couvert d'apaiser les douleurs fit avec l'oxycodone un business monstrueux, c'est le fentanyl, une drogue de synthèse peu coûteuse à produire qui inonde maintenant certains quartiers, comme à Kensington (Philadelphie), produit lui-même coupé avec de la xylazine (utilisé par les vétérinaires pour endormir de gros animaux). Le mélange obtenu, dénommé "tranq", décuple les effets des opioïdes avec des conséquences terrifiantes.

Photographier ces gens dans une vulnérabilité absolue, alors que les dealers veillent, n'est pas une mince affaire. Par la qualité et la force de ses photos, en montrant la souffrance crue mais sans jamais rabaisser les individus, en expliquant chaque situation par des légendes précises, le photographe documentaire Gaël Turine, nous livre un témoignage essentiel car il faut que le monde voie et sache.

(Aline Memmi)

Les blessures aux mains de ce toxicomane s’aggravent à chaque prise de tranq. Si la toxicité et la dangerosité de ce mélange pour le corps humain sont scientifiquement prouvées, cela n’a pas freiné les producteurs et trafiquants pour créer ce cocktail destructeur et bon marché
© Gaël Turine

 

Galerie Fait & Cause - 58 rue quincampoix, 75004 Paris
du 20 février au 12 avril 2025


American Street Photography 1950s - 1970s

La Galerie Rouge rassemble de grands noms de la street photography américaine en noir et blanc. Un parcours exceptionnel où l'on trouve de grands maîtres comme Joseph Sterling, Garry Winograd ou Louis Faurer, mais où l'on découvre aussi l'excellent travail de Danny Lyon, moins connu de ce côté-ci de l'Atlantique. Ses images magnifiquement construites révèlent une forte proximité avec ses sujets d'où ressort une empathie qui n'est pas feinte. Un grand de la photo humaniste qui mériterait d'être mieux connu ! A quand un Photopoche sur Danny Lyon ???

(Jean-Benoît Zimmermann)

 

Danny Lyon, Six Wings Cellular Block, Ramsey Prison Felons, Texas, 1968

Galerie Rouge, 3 rue du Pont Louis-Philippe, 75004 Paris
Du 23 janvier au 15 mars 2025


Mathilde Eudes - non obscura

Au départ il y a un secret et une séparation. Une petite fille unique et un perroquet pour compagnon. Lorsque le décès du jumeau est révélé, c'est toute une histoire qui peut se recoller. Et qui aboutit aujourd'hui par un travail minutieux de réparation : photographies polies et finement éclairées à la feuille d'or, textiles manuscrits, dessins, objets,  jusqu'aux plumes du perroquet qui habillent une robe de baptême. C'est émouvant mais pas triste, juste éblouissant ! Mathilde Eudes dit qu'elle n'a plus peur de la mort à présent. C'est sa première expo, artiste et artisane, quel talent !

(Aline Memmi)