Josef Koudelka - Ruines
Dans une lumière atténuée, une pénombre bienfaisante, j’ai été immédiatement touchée par la beauté des ruines, mises en scène par l’esthétique de Josef Koudelka.
Au-delà de cette esthétique, ce sont les mondes évanouis, les civilisations mises à mal, disparues, qui sont perçues.
Toutes ces images rendent compte des cycles qui rythment l’histoire des hommes.
Paradoxalement, ces photos confrontent la beauté et la permanence de ces architectures, malgré tout ruinées, à la fragilité des sociétés qui les ont produites.
J’y vois aussi une résonance un peu angoissante avec le contexte actuel : beaucoup de nos certitudes s’effritent, nos modèles économiques sont essoufflés, l’environnement est en danger, nos modes de vie sont menacés.
La fin d’un cycle est entamée ?
(Catherine Zimmermann)
Bibliothèque Nationale de France - 75013 Paris
du 15 septembre au 16 décembre 2020
Phot'Aix - Regards croisés, Afrique de l'Ouest/Provence
Dès l'entrée, on est saisis par les imposantes statures des chasseurs de Dany Leriche et Jean-Michel Fickinger, et les compositions entre photographie et peinture de Saïdou Dicko. Les «décors», que ce soient ceux originels du musée des Tapisseries ou ceux peints par l'artiste Saïdou Dicko, ont ceci de paradoxal qu'ils aimantent le regard vers les personnages. C'est très beau !
Plus loin, les images se font face et s'entrechoquent. D'un côté les accoutrements et postures des personnages mis en scène par Claire et Philippe Ordioni nous interrogent sur les normes de notre comédie humaine. De l'autre, Louis Oké-Agbo nous donne à voir des corps d'hommes, de femmes et d'enfants, qui s'ocrent, s'empoussièrent et se fissurent comme s'ils devenaient (ou redevenaient ?) terre glaise. Fascinant !
Chasseurs de l'invisible (Dany Leriche et Jean-Michel Fickinger)/Qui sont ces hommes d'ombres ?(Saïdou Dicko)
Trois en un (Louis Oké-Agbo) /Portraits barOques (Claire et Philippe Ordioni)
Et trois autres duos (Aline Memmi)
Musée des Tapisseries, 28 place des Martyrs de la Résistance, 13100, Aix-en-Provence
Sylvie Hugues et Jean-Christophe Bechet, Nos Amériques
Etats-Unis, Cuba, Chili... Ils ont parcouru ces pays ensemble et ont entremêlé leurs images dans une exposition commune. Deux regards, différents mais complices. Qu'il s'agisse de l'intérieur d'un café ou d'une station-service (JC. Bechet) ou bien de paysages urbains avec l'avant d'une berline, une roue de vélo ou des gamins sur un stade comme en apesanteur (S. Hugues), on se sent comme enveloppés par la chaleur des couleurs. (A. Memmi et JB.Zimmermann)
Sylvie Hugues, Cuba
La Nouvelle Chambre Claire, 3 rue d'Arras, 75005 Paris
Sid Kaplan, New York for rhythm
et
Ernst Haas, New york in color 1952-1962
Une même galerie, 2 salles, 2 regards sur New York, 2 expos toutes les deux sublimes, à ne pas rater.
D'un côté, des tirages argentiques noirs et blancs qui n'ont encore jamais été montrés en France. Resté dans l'ombre de grands photographes dont il fut le tireur, Sid Kaplan s'est promené dans son quartier de Lower East Side et a fait modestement des milliers de clichés : des scènes de rue avec des gosses, du linge qui sèche, un nuage qui passe... cela paraît tout simple mais on reste scotché devant la beauté de certaines photos.
De l'autre, c'est une explosion de couleurs, toutes en nuances. L'amour et la fascination de Ernst Haas pour cette ville transparaît dans chaque image. Des couleurs jusque dans... le frigo, c'est ce que raconte son fils Alex : "Un de mes plus beaux souvenirs d’enfance est celui du jour où, en ouvrant le réfrigérateur, je l’ai trouvé entièrement rempli de boîtes orange de pellicule Kodachrome. Rien à manger. Voilà ce que faisait mon père pour assurer sa subsistance." (A. Memmi)
Sid Kaplan, 1999
Forme - Exposition collective
Bill Brandt, Harry Callahan, Eric Dessert, Lucien Hervé, Yasuhiro Ishimoto, Michael Kenna, Bohnchang Koo, Jungjin Lee, Sarah Moon et Christopher Taylor
Les contraintes ont parfois du bon. Ne pouvant au vu du contexte actuel exposer l'artiste prévu, les galeristes ont choisi de confronter des oeuvres en piochant dans leurs collections et dans les précédentes expositions. Et le résultat est tout simplement magnifique ! Une barrière dans la neige, une ombre sur un corps... la résonnance de formes, de lignes, d'ombres est subtile et ouvre d'autres espaces. Comme l'écrit si bien Didier Brousse, "chacune de ces photographies conserve force et individualité mais la confrontation les enrichit d'harmoniques inattendues". (Aline Memmi)
Michael Kenna, 2002
Camera Obscura, 268 bd Raspail, 75014, Paris.
Du 3 septembre au 24 octobre 2020
Gérard Staron - Expolaroid
De loin je vois une aberration, comme une tache noire sur le tirage. Je m’approche. Cette tache c’est un tout petit pompon mais très noir. Ce pompon est sur trois tirages. Comme un fil rouge. A ce moment là je vois la mer, les vacances, le mauvais temps car il n’y a personne. Pourtant ces photos sont pleines de lumière. (Estelle Doehr)
Fontaine obscure - 24 av Henri Poncet - 13090 Aix-en-Provence
Jacques Léonard - Alegria
Parce qu'il est tombé amoureux de Rosario Amaya, une gitane de Barcelone qu'il a épousée, Jacques Léonard a pu vivre au plus près de cette communauté dans les années 1950 à 1970. Ses images sont à la fois sensuelles et respectueuses, dignes et joyeuses. Des portraits, des scènes de rue, de la musique qui semble déborder du cadre...
De la belle et grande photo humaniste ! (A.Memmi)
Anne Clergue Galerie, 12 Plan de la Cour, 13200 Arles
Roxane Daumas - Base Martha
Connaissez-vous la base Martha dans le port de Marseille? Monument de béton, construit par les Allemands pendant la guerre pour abriter une base sous-marine, inachevé puis désaffecté jusqu'à une période toute récente. Les photos de Roxane Daumas, exposées dans une galerie du Marais à Paris qui vient de rouvrir ses portes, en saisissent la profondeur et l' horreur. Témoignage de la folie humaine, vestige d'une histoire récente, métamorphose en Data Center géant, cœur névralgique du nouveau monde. Lumière et obscurité, fiction ou réalité ? (Dominique Figeat)
Galerie Dominique Fiat - 16 rue des Coutures Saint-Gervais 75003 Paris
du 12 mars au 23 juin 2020
Nathalie Lescuyer - La Bourse du Talent 2019
Comme chaque année, la BNF s'investit dans la création et la Bourse du Talent distingue les travaux de photographes autour de 4 thèmes.
Dans la série Reportages, le travail de Nathalie Lescuyer nous a sidérés par la force des images autant que celle des mots. Besoins des migrants tout autant que besoin de la photographe de comprendre, de montrer, d'être au cœur d'une histoire qui ne sera jamais la sienne, de les accompagner pendant des mois et de photographier dans l'urgence, de "rendre tangible la tension entre le bruit du monde et la parole exclue des migrants"...
"You talk about freedom and love. But where are my french papers ?" (A.Memmi)
Bibliothèque Nationale de France - 75013 Paris
du 19 décembre 2019 au 29 mars 2020
Ursula Schulz-Domburg - "Zone grise / The Land in Between"
Vaste exposition qui présente plusieurs séries remarquables de cette photographe et artiste allemande, prises entre 1980 et 2012. Un projet de chemin de fer Ottoman abandonné en Arabie Saoudite ou des arrêts de bus inter-urbains au milieu de nulle part en Arménie nous montrent comment le bâti survit aux régimes qui l'ont construit. Des semences de blé méthodiquement photographiées témoignent de la destruction et de la préservation des ressources naturelles dans l'ex Union Soviétique. Des sites troglodytes entre la Géorgie et l'Azerbaïdjan démontrent le caractère arbitraire des frontières. Des Arabes des marais vaquant à leurs activités quotidiennes avant que la guerre Iran-Irak modifie totalement et les paysages et les modes de vie. Des horizons larges et des couleurs diffuses, comme un retour aux origines, et un désir instinctif d'enregistrer tout ce qui semble en péril... (JB.Zimmermann)
Maison Européenne de la Photographie - 5-7 rue de Fourcy - 75004 Paris
du 4 décembre 2019 au 16 février 2020 - du mercredi au dimanche, 11h-20h
Ernest Pignon-Ernest - "Ecce Homo"
Si Ernest Pignon Ernest est avant tout un dessinateur de grand talent et rien de moins que l'inventeur du street art, il est aussi photographe. Et ce sont les photographies qu'il a faites lui-même de ses œuvres in situ qui sont présentées ici. Qui mieux que lui pour nous montrer comment l'art peut habiter le monde avec poésie mais aussi dire les drames et raviver les mémoires. (A.Memmi)
Palais des Papes - Avignon
du 29 juin 2019 au 29 février 2020 - 11h-21h - fermé le mardi
Bruno Serralongue / Agence France-Presse / Les habitants - Calais. Témoigner de la "jungle"
Approche multiple sur ce que fut la jungle de Calais. D'abord des entretiens filmés et des Unes de presse pour s'interroger sur la façon dont les médias relatent les événements. Puis les photos de Bruno Serralongue sur la vie des exilés. Enfin des témoignages de ceux-là mêmes qui furent les habitants, à partir d'une image choisie ou d'une image retrouvée. Passionnant. (A.Memmi)
Galerie de photographies - Centre Pompidou, Paris
du 16 octobre 2019 au 24 février 2020 - 11h-21h - fermé le mardi