Cyril Becquart - La vallée

Des photos d'arbres, de végétation, sombres, contrastées, vivantes. Des grandes photos dans des cadres en bois clair, sans marge blanche, d'une modernité incroyable, et qui contrastent avec des photos plus petites, bleutées ou sépia, qui nous évoquent un passé lointain. Quelle surprise de découvrir en interrogeant le photographe (ce n'est pas écrit dans les textes de présentation de l'expo) que toutes les photos, les grandes comme les petites, ont été prises à la chambre noire, l'antique appareil de la fin du 19ème siècle !

(Théo Zimmermann)

Rétine Argentique - 85 rue d'Italie 13006 Marseille

 


Gaël Turine, Les ravages de la tranq

Depuis la crise des opioïdes initiée fin des années 1990 par un labo américain qui sous couvert d'apaiser les douleurs fit avec l'oxycodone un business monstrueux, c'est le fentanyl, une drogue de synthèse peu coûteuse à produire qui inonde maintenant certains quartiers, comme à Kensington (Philadelphie), produit lui-même coupé avec de la xylazine (utilisé par les vétérinaires pour endormir de gros animaux). Le mélange obtenu, dénommé "tranq", décuple les effets des opioïdes avec des conséquences terrifiantes.

Photographier ces gens dans une vulnérabilité absolue, alors que les dealers veillent, n'est pas une mince affaire. Par la qualité et la force de ses photos, en montrant la souffrance crue mais sans jamais rabaisser les individus, en expliquant chaque situation par des légendes précises, le photographe documentaire Gaël Turine, nous livre un témoignage essentiel car il faut que le monde voie et sache.

(Aline Memmi)

Les blessures aux mains de ce toxicomane s’aggravent à chaque prise de tranq. Si la toxicité et la dangerosité de ce mélange pour le corps humain sont scientifiquement prouvées, cela n’a pas freiné les producteurs et trafiquants pour créer ce cocktail destructeur et bon marché
© Gaël Turine

 

Galerie Fait & Cause - 58 rue quincampoix, 75004 Paris
du 20 février au 12 avril 2025


American Street Photography 1950s - 1970s

La Galerie Rouge rassemble de grands noms de la street photography américaine en noir et blanc. Un parcours exceptionnel où l'on trouve de grands maîtres comme Joseph Sterling, Garry Winograd ou Louis Faurer, mais où l'on découvre aussi l'excellent travail de Danny Lyon, moins connu de ce côté-ci de l'Atlantique. Ses images magnifiquement construites révèlent une forte proximité avec ses sujets d'où ressort une empathie qui n'est pas feinte. Un grand de la photo humaniste qui mériterait d'être mieux connu ! A quand un Photopoche sur Danny Lyon ???

(Jean-Benoît Zimmermann)

 

Danny Lyon, Six Wings Cellular Block, Ramsey Prison Felons, Texas, 1968

Galerie Rouge, 3 rue du Pont Louis-Philippe, 75004 Paris
Du 23 janvier au 15 mars 2025


Mathilde Eudes - non obscura

Au départ il y a un secret et une séparation. Un petite fille unique et un perroquet pour compagnon. Lorsque le décès du jumeau est révélé, c'est toute une histoire qui peut se recoller. Et qui aboutit aujourd'hui par un travail minutieux de réparation : photographies polies et finement éclairées à la feuille d'or, textiles manuscrits, dessins, objets,  jusqu'aux plumes du perroquet qui habillent une robe de baptême. C'est émouvant mais pas triste, juste éblouissant ! Mathilde Eudes dit qu'elle n'a plus peur de la mort à présent. C'est sa première expo, artiste et artisane, quel talent !

(Aline Memmi)


Letizia Battaglia - Rétrospective

Le travail de Letizia Battaglia couvre, pour l'essentiel, des scènes de vie et des crimes de la mafia à Palerme dans les années 70 à 92 (entre 80 et 85 la guerre des clans de Cosa Nostra a causé 5000 morts). Elle a travaillé également sur la libération des mœurs, avec les malades de l' hôpital psychiatrique de Palerme. Artiste certes, elle fut aussi adjointe au maire de Palerme puis élue au parlement régional de Sicile où elle mena un combat en faveur du principe de légalité et de la diffusion de la culture. 
Des photos fortes comme le magnifique visage, très digne, très intériorisé, de la veuve du garde du corps Vito tué avec le juge Falcone, visage dont la moitié droite est couverte par une ombre, la douleur des familles sur les scènes de crime, le regard terrifiant du féroce parrain mafieux Bagarella ou encore la photo de jeunes enfants qui jouent avec les revolvers qui leur ont été offerts le jour de la fête des morts.

(Francis Lautard)

Le Jeu de Paume, Château de Tours
Du 5 décembre 2024 au 25 mai 2025